Edwige Aplogan est maître de cérémonies. Si dans son pays on sort les masques pour les faire danser, elle, elle sort les bâtiments, les monuments, les espaces publics de l’indifférence, les habille, et les pare, non pas pour les masquer mais les dévoile et leur fait porter le sens de ses questionnements sur les indépendances, de façade, sur les combats pour la liberté, leurs illusions et désillusions, sur la mondialisation, la globalisation... Politique disait Hannah Arendt signifie agir ensemble. On ne devient citoyen que par son irruption dans l’espace public, qui est aussi la sortie de l’espace privé. « Espace d’apparence », « où la liberté peut devenir une réalité tangible ». Les hommes y font l’expérience de la liberté.

 

Edwige Aplogan est politique. Son travail s’enquière à travers les réflexions qu’il soulève sur l’avenir et le devenir des sociétés, des êtres, hommes et femmes. Sur ses toiles, les individus différents ne s’opposent pas, ils fusionnent et se confondent, les corps avec leurs attributs du genre portent la tête du sexe opposé, les différences d’origine, d’opinion, de culture, les fécondent et les complètent. Son legba, divinité du panthéon vodun, est électrique, tout en néons, c’est par la lumière des valeurs ancestrales qu’il porte, non pas par l’obscurité des interdits qu’il protège, irrationalité filtrée, intronisé ainsi dans le monde moderne, il dit que dans un monde cosmopolite, les origines servent de repères à l’identité. « Si tu ne peux exprimer courageusement tes pensées, donne la parole aux griots. »

 

Tous les référents culturels qui auraient dû relever de l’irrationnel comme le Fâ, le Vodou, les mythes, toute la mystique et la symbolique pouvant entourer la création, ne peuvent plus, à notre avis, rendre compte à eux seuls d’une «africanité » ou conférer si l’on peut dire une identité africaine à une œuvre de l’esprit. Ils sont devenus des éléments objectifs que l’on retrouve dans les œuvres et qui sont répertoriés par l’œil et le regard de l’autre comme «africain ».Or, l’artiste africain a, lui aussi à être en prise avec le monde et avec les soubresauts qui l’agitent. 

 

Edwige Aplogan est griot. Ses espaces drapés par la mémoire, sont surtout drapés par le courage de dire et de penser.

Ancien avocat au Barreau de Paris, membre de l’Aica Bénin, elle vit et travaille à Cotonou et à Paris.

Edwige aplogan Paris
Legba
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