Carrefour African Jazz - José NZOLANI

Préface 

Par Richard Nono Kabasele Tshamala, Fils de Joseph Kabasele, le Grand Kallé

 

Je suis fier d'avoir comme papa Joseph Kabasele Tshamala, un papa formidable et non de Grand Kallé. Cae, Grand Kallé est son nom d'artiste et n'appartient pas seulement à sa famille biologique, mais à tout le monde. Avec son parcours scolaire, il aurait pu faire une grande carrière politique comme beaucoup de ses collègues d'école. Mais en optant pour la promotion de notre culture à travers le monde, Joseph Kabasele dit Grand Kallé a non seulement fait entrer la musique congolaaise dans la modernité, à l'instar des grandes formations musicales des afro-descendants, il a aussi donné à la rumba ses lettres de noblesse en créant des passerelles entre les Africains de part et d'autre de l'Atlantique. Découvreur des talents, beaucoup d'artistes d'origines diverses ont joué avec lui aussi bien dans ''Opika'' , ''African-Team'' et sans oublier l'African-Jazz''. Nous pouvons citer la Camerounais Manu Dibango, le Cubain Don Gonzalo, le Rhodésien Isaac Musekiwa, le Belge Fud Candrix, le Congolais de Brazzaville Jean-Serge Essous et les Congolais de Kinshasa Tabu Ley Rochereau, le Docteur Nico Kassanda, Déchaud Mwamba, Roger Izeidi, Gabriel Labo dit Laboga, Georges Doula, Jeannot Bombenga, Tino et Dicky Baroza, Edo Clari et tant d'autres. C'est lui aussi qui a permis à Pépé Kallé, l'autre Kasasele et son collègue Matolu dit Papy Tex d'entamer une carrière professionnelle dans la musique.

Je suis fier de cet ouvrage de José Nzolani que j'ai vu grandir dans le même quartier que moi dans la commune de Kinshasa. J'étais parmi ses aînés dans l'école primaire Saint-Pierre de Kinshasa, la même où nos parents respectifs ont commencé leurs études. Comme moi, nous avons baigné dans un univers musical depuis notre enfance. Dans Kinshasa des années 60 et 70, il y avait des bars installés un peu partout dans notre commune, diffusent chaque soir la musique. A quelques mètres de leur domicile familial ma famille maternelle possédait d'un dancing où des formations muicales s'y produisaient.

Comme le Cardinal Joseph Albert Malula, son oncle, qui parlait de la politique et des problèmes sociaux dans ses prédicatons à la messe, mon père a abordé des sujets divers dans ses chansons. Il a su mêler la poésie et la mélancolie sur une musique avant-gardiste. José Nzolani, dans son livre, démontre comment Joseph Kabasele dit le ''Grand Kallé'' et ses émules ont accompagné et continuent à accompagner la vie quotidienne, l'actualité et les évènements historiques dans leurs chansons. Parmi les thèmes abordés par le Grand Kallé, il y a la politique dans ''Indépendance Cha-Cha'', ''Table-ronde'', ''Congo se ya biso''..., le civisme dans ''K.D.L.'', une chanson pour une compagnie de chemin de fer. Chantre du panafricanisme, il a non seulement chanté pour l'Afrique, mais aussi pour nos frères de l'autre côté de l'Atlantique dans ''Carrefour Addis Abeda'', ''Africa mokili mobimba'' de Déchaud Mwamba, ''Africa bola ngombi'', ''Bana Congo na Cuba''. Artiste populaire, il était aussi admiré par des hommes olitiques du premier plan tels que Patrice Lumumba, Modibo Keita, Holdein Roberto. Il lui arrivait de rendre hommage à certains d'entre eux : ''Matanga ya Modibo'', ''Lumumba heros national'' etc.

Précurseur dans beaucoup de domaines, Joseph Kabasele est l'un de tout premier Africain francophone à chanter en anglais lors de sa collaboration avec Isaac Musekiwa, un saxophoniste d'origine rhodésienne. La chanson ''Far from Africa'' et tant d'autres ont été écrites par ce dernier. L'African-Jazz est l'une des premières formations musicales africaines modernes a joué en Europe. Avec la formation restreinte qui jouait en marge de la conférence de la Table ronde sans instruments à vent, cet  African-Jazz est le précurseur des orchestres de la troisième génération de la musique congolaise moderne tels que que le Stukas, Zaigko-Langa ou Viva la musica de Papa Wemba. Le Grand Kallé a non seulement chanté dans les quatre langues principales du Congo, mais a aussi interprété des chansons en français et dans une langue du Cameroun. Il n'était pas rare d'entendre des mots en espagnol ou des phrases qui sonnaient espagnol dans ses chansons.

Joseph Kabasele nous a quittés en février 1982, mais ses oeuvres demeurent toujours d'actualité et d'une modernité étonnante. Vous pouvez vous en rendre compte avec ce livre qui porte bien son ttre : '' Carrefour African-Jazz''. 

Mon père aurait sans doute apprécié.

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